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Club Guinéen de la Renaissance

29 septembre 2012

POURQUOI DEVRAIT-ON PRIVILEGIER LE DEVELOPPEMENT SUR LA DEMOCRATIE EN GUINEE ?

INTRODUCTION Les concepts de démocratie et de développement sont de plus en plus employés, alors qu’ils représentent, paradoxalement, de moins en moins les réalités qu’ils devraient définir. Si l’on retient en effet, avec M. Gravitz qu’ « un concept est la représentation imagée d’une réalité », alors on peut, à juste titre, se demander quelles réalités représentent vraiment les concepts de démocratie et de développement ? Il ne vaut pas la peine que nous nous lancions dans ce débat sans fin, sur les définitions de ces concepts, d’autant plus que G. Sartori, s’est résolu à considérer, in fine, la démocratie comme « ce nom pompeux de quelque chose qui n’existe pas » ! Toutefois, prenons la peine de donner une idée sur ces concepts afin de leur donner un sens dans le cadre de cette réflexion. Ainsi, pour simplifier les choses, on désignera par démocratie, « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peule » (A. Lincoln). Ici, on s’inscrit donc, par souci de clarté, à la conception libérale de la démocratie. Quant au développement, on va le considérer comme une amélioration progressive et généralisée des conditions de vie des populations. La situation actuelle de la Guinée (entre transition politique et nécessité du bien-être) contribue à conforter l’actualité de ce thème. Et de mûres réflexions à son sujet pourraient aider à définir la voie que devrait emprunter la Guinée pour voir le bout du tunnel. Ceci étant dit, rappelons que les idées en faveur d’une corrélation entre démocratie et développement, voire, le caractère inséparable des deux, sont nombreuses. Nous pouvons nous contenter de cet extrait produit par le Ministère des affaires étrangères de la France, en 2003 : « [...] Depuis le discours de La Baule, la coopération française fait de l'engagement démocratique une priorité car la démocratie et le développement sont indissociables [...]». A l’opposé de ces idées, nous véhiculons, avec d’autres auteurs (comme Bertrand Badie), la thèse selon laquelle il n’y a pas de corrélation entre démocratie et développement. Nous nous proposons donc dans cette analyse, d’essayer de démontrer cette absence de corrélation, à partir de laquelle démonstration, nous proposerons la voie pour laquelle devrait-on opter en Guinée. 1- L’absence de corrélation entre démocratie et développement L’absence de corrélation signifie ici, que l’un n’engendre pas forcement l’autre, et que par voie de conséquence, développement peut exister sans démocratie et vice versa. 1.1- Il y a aussi bien développement sans démocratie… Il existe plusieurs exemples dans l’histoire, qui prouvent qu’un Etat n’a pas besoin d’être démocratique pour se développer. On peut commencer par donner les exemples des Etats européens comme la France qui au XVIIIe siècle étant une grande puissance économique, connaissait quand même les coups d’Etat (en tout le pays en a connu près de six), sans oublier que les femmes n’y ont voté qu’en 1946 pour la première fois, alors que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen existait depuis 1789 (donc ce n’était pas un Etat de droit !). Plus récemment, en Asie, il n’y a nul doute que les « dragons d’Asie du sud-est », les « tigres » et « Bébés-tigres » étaient des Etats développés sans démocratie. L’exemple que nous avons voulu laissé pour la fin, est celui de la Chine, qui demeure aujourd’hui la 2e puissance économique mondiale, alors que là bas, il n’ya jusqu’à présent qu’un parti unique, et les droits de l’homme, on ne s’en fou pas mal ! 1.2- Que démocratie sans développement S’il est vrai qu’on peut se développer sans démocratie, le contraire n’est pas aussi faux ! On peut, en effet, bien être démocrate (du moins en théorie) sans se développer ! En effet, dans les années 1980 jusqu’au terme des années 1990, le Pakistan avait opté pour le multipartisme, allant jusqu’à proclamer comme Premier ministre, une femme, Mme Benazir Bhutto. Mais en même temps, cette démocratisation allait s’accompagner d’une crise économique dans le pays. Cette situation fut valable aussi en Amérique latine, où lorsque dans la même période les Etats latino-américains optèrent pour la voie démocratique, leurs peuples désenchantèrent aussitôt de sorte qu’ils nommèrent cette période « la décennie perdue » (P.Marchesin). Revenons chez nous en Afrique, où depuis 1990, suite à la disparition du rival communiste du libéralisme, l’Occident victorieux, exporte la démocratie, car comme l’ont dit les français, « la démocratie et le développement sont (serait selon nous !) Indissociables ». Ce fut donc une vague de démocratisation sur le continent qui a vu partout le multipartisme, la consécration des droits de l’homme, la rédaction (ou plagiat) de nouvelles constitutions. Démocratie au moins, il y a ne serait-ce qu’une de façade, mais développement, peu sont ceux qui en bénéficièrent jusque là, et la Guinée n’en fait certainement pas partie ! Suite à cette démonstration d’absence de corrélation entre démocratie et développement, que doit donc faire la Guinée ? Doit-on continuer à se leurrer d’un projet selon lequel on ne se développera que lorsqu’on sera démocrate ? 2- En Guinée, priorité au développement, car démocratie n’est pas nécessité Nous sommes partisans de l’idée que les nations ne sont pas toutes sur des rails devant les faire passer par les mêmes étapes pour arriver au niveau que les Etats occidentaux ont atteint. Cela signifie que chaque Etat peut se frayer son chemin pour atteindre un jour un niveau où les besoins de ses populations seront satisfaits. Dans le cas particulier de la Guinée, nous pensons que le développement doit être la priorité sur la démocratie. 2.1- Le développement d’abord… Pour qu’on parle de démocratie en Guinée, et qu’on arrête de se leurrer avec ces démocratures (ou dictocratie), il faut des bases solides, dont le bien-être du peuple en est la première. Sans aller jusqu’à parler de « despotisme éclairé », nous préférons une Guinée prospère sans démocratie, à une Guinée démocratique dans la misère. Nous déclarons être sceptiques à l’émergence d’une Guinée démocratique sous l’ombre de la misère où des sacs de riz peuvent changer la nature d’un scrutin, où des frais de transport pour se rendre aux urnes, sont plus décisifs que les projets de société des candidats, où voter pour son parent compte plus que l’intérêt de la nation. Ne dit-on pas que « ventre affamé n’a point d’oreille » et que l’ « ignorance est la mère des vices » ! Le développement ne signifie pas seulement manger à sa faim et boire à sa soif, il signifie aussi bien se loger, mieux se soigner, être en sécurité, savoir lire et écrire, comprendre les enjeux actuels du monde. Sans ces prérequis, nous pensons que notre « démocratisation » nous conduit droit dos au mur. 2.2- La démocratie suivra ensuite Il convient de rappeler que chez la plupart des Etats développés que l’on connait aujourd’hui, le développement et la démocratie dans la simultanéité, a été plutôt une exception qu’une règle. En effet, la démocratisation de ces pays est survenue progressivement. Par exemple, on se souvient qu’en France ce n’est pas un bon matin que la Monarchie a cédé la place à la République ! Il a fallu une révolution suivie de la mise à mort du roi Louis XIV. Les partis politiques n’y ont été institutionnalisés qu’avec la constitution de la Ve République (donc les quatre premières républiques n’en connurent pas !) Lorsque Barak Obama reprochait à Hu Jintao que la Chine ne respecte pas les droits de l’homme, le No 1 chinois lui répondait que les Etats-Unis les violèrent aussi quand ils étaient au stade de développement de la Chine. D’ailleurs, le camp de Guantanamo ne nous instruit-il pas que la démocratie ne s’applique que si tout va bien ? Kadhafi « le dictateur » ne fut-il pas celui qui finança en 2007 les élections de l’ancien No 1 de la France pourtant « vielle patrie de la démocratie » ? Tous ces exemples justifient à plus d’un titre que la Guinée n’a pas à languir sur la démocratie. Tout ce qu’il faut pour un court terme, c’est un système politique stable capable d’assurer à la population, les conditions du bien-être physique, social et culturel. CONCLUSION Il est clair comme l’eau de roche que la démocratie n’est pas une condition du développement, mieux, c’est le développement, au contraire qui pourrait constituer une condition d’une véritable démocratie. Cette approche risque toutefois de prendre la forme d’une légitimation de la dictature. Pour pallier à ce risque, et pour ne pas que l’avenir nous juge contre nos idées comme l’ont été Platon, Rousseau et Hegel, considérés aujourd’hui (à tort) comme les pères du totalitarisme, nous devons définir un certain nombre de précisions. Primo, on ne peut tolérer un régime non démocratique que si la raison de son existence est avérée : trouver dans une telle voie, un raccourci vers le développement, en faveur du peuple. Il s’agirait donc du pouvoir du peuple, pour le peuple sans le peuple. Secundo, notre approche n’est viable qu’avec des leaders politiques éclairés, non motivés par des ambitions égoïstes. Car s’il s’agit du contraire, on déboucherait directement sur la dictature. Tertio, notre approche doit être considérée comme une étape provisoire devant aboutir sur le long terme, à l’existence simultanée du développement et de la démocratie (qui ne sera pas forcement libérale, mais en fonction de la société qui aura vu le jour). L’idée est exprimée mais sa faisabilité en est tout autre, peut-être ne s’agit-il même que d’une de ces nombreuses utopies qui sera reléguée à l’instar des siennes, dans les annales de l’histoire.
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28 septembre 2012

Encore une démonstration de force de la justice moronaise !

28/09/2012 19:32 Nous sommes à Moro. Il ya 10 ans, ce pays était considéré comme l’un des plus dictatoriaux de l’Afrique. Les opposants étaient réduits au silence. Les journalistes muselés. Les libertés publiques bafouées. Et encore… Mais il ya 3 ans, Moro a connu une évolution spectaculaire en matière de démocratie et de protection ... des droits de l’homme. Ses institutions républicaines sont plus que jamais fortes. Ainsi la justice de ce pays est devenue ce qu’elle doit véritablement être : la gardienne des libertés publiques. Elle vient d’en faire la magistrale démonstration dans une affaire qui avait suscité l’indignation de tout un pays : le massacre des villageois de Zalika. En effet, il ya une année, jour pour jour, des soudards déshonoraient l’armée moronaise en assassinant froidement et nuitamment cinq(5) pauvres villageois qui avaient commis le « crime » d’exercer leur droit de manifestation. Ces hors la loi s’étaient cru tout permis, oubliant que depuis dix ans l’Etat moronais, ou tout moins sa justice, a juré de ne plus laisser les crimes impunis dans le pays. Comme il était de coutume à Moro, quelques fonctionnaires véreux de l’administration de la région dont les villageois ont été horriblement assassinés et certaines grandes personnalités de l’Etat avaient voulu étouffer l’affaire au grand dam des droits de l’homme. Mais comme à son habitude depuis 3 ans, la justice moronaise ne s’en est pas laissé conter. Aussitôt le crime commis, elle s’est saisie de l’affaire en ouvrant une information judiciaire. Une année après cette information judiciaire, elle vient de rendre son verdict ; il est sans appel : les soldats coupables de cet horrible et humiliant assassinat de paisibles citoyens moronais doivent écoper de la peine capitale, conformément à la loi du pays. Vu le caractère inhumain de ces assassinats et l’humiliation qu’ils entrainent pour l’armée moronaise, aucune autre sentence ne peut être prononcée. Cette nouvelle démonstration de force de la justice moronaise est doublement importante : non seulement elle vient conforter les défenseurs des droits de l’homme dans le pays. Mais aussi elle envoie un message fort aux démons de l’armée moronaise : la période de l’impunité est révolue à Moro. S’étant affranchie de la tutelle de l’exécutif depuis 3 ans, la justice moronaise compte désormais jouer pleinement son rôle dans le pays. Il convient de remarquer que si Moro s’est battu une justice de cette envergure, une justice à même de rendre des verdicts aussi importants, ce n’est pas du au hasard. C’est suite à un combat acharné mené par les moronais : nous nous rappelons les différentes manifestations organisées il ya quelques années dans tout le pays pour exiger une justice indépendante, impartiale et forte. Donc on peut dire que le verdict auquel nous avons assisté aujourd’hui est la récompense d’un grand et long combat des citoyens moronais. Dodo Le correspondant du Club Guinéen de la Renaissance à Moro.
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